Re: Le futur de la langue française [Was: Re: [EGD-discu] point médian vs. point d’hyphénation] |
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- Subject: Re: Le futur de la langue française [Was: Re: [EGD-discu] point médian vs. point d’hyphénation]
- From: Piyou <piyou29@xxxxxxxxx>
- Date: Sat, 17 Jul 2021 19:43:41 +0200
Le 11/07/2021 à 18:27, Mélanie (ariasuni) a écrit :
Bon je préviens direct j’ai pas tout lu (déso d’ailleurs j’essaie de
répondre à tout ce que j’ai lu ET synthésiser et c’est pas simple).
Pour répondre à la question initiale: le point médian est à mon avis
très bien à sa place. Les lecteurs d’écran sont censés lire les textes
et s’adapter à langue, pas dicter ce qui est autorisé: devrait-t-on
attendre que les lecteurs d’écran sachent prononcer un mot emprunté à
une autre langue, avant de commencer à l’utiliser? Non, évidemment,
même s’il faut parfois trouver des compromis (entre autres, trouver de
préférences d’autres tournures plutôt que d’utiliser le point médian
quand c’est possible).
⁂
Sur le côté historique, je tire beaucoup de mes informations du livre
«Non, le masculin de l’emporte pas sur le féminin! Petite histoire des
résistances de la langue française» d’Éliane Viennot («professeure
émérite de littérature de la Renaissance à l’Université Jean Monnet de
Saint-Etienne, historienne spécialiste des relations de pouvoir entre
les sexes»).[1]
Ce livre s’ouvre sur le chapitre «Féminiser la langue? Non, mettre un
terme à sa masculinisation». Ce qui ressort de l’histoire de la langue
française récente, c’est que la langue a été volontairement tordue
pour faire disparaitre ou presque certains mots (doctoresse, autrice,
etc.), et pour remplacer la règle d’accord de proximité[2] par la
règle du «Lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus
noble l'emporte», dans une optique d’effacer le féminin.
En vérité, les Droits de l’Homme (quoique nommés Human Right ou
équivalent dans d’autres langues, et qui sont parfois appelés Droits
Humains ou Droits de la personne) concernaient uniquement les hommes.
[1]:
https://www.editions-ixe.fr/catalogue/non-le-masculin-ne-lemporte-pas-sur-le-feminin/
[2]: https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A8gle_de_proximit%C3%A9
⁂
Des linguistes se sont penché·e·s sur le sujet. On parle notamment (je
considère que c’est le concept clé) de masculin générique pour
désigner l’utilisation du masculin comme universel. Il joue le rôle du
neutre sans vraiment l’être.
Une autre bonne source, avec plein d’arguments et une bibliographie
bien fournie (en anglais), bien que ça parle principalement de
l’anglais et que traite du lien entre sexisme et langue en général,
c’est «Feminist Philosophy of Language».
<https://plato.stanford.edu/entries/feminism-language/>
Et quelques recherches (je vous invite à utiliser Sci-Hub pour celles
que je n’ai trouvé en accès libre):
– Generic Pronouns and Sexist Language: The Oxymoronic Character of
Masculine Generics
<https://web.stanford.edu/class/linguist156/Gastil_1990.pdf>
– Masculine generics and gender-aware alternatives in Spanish
<https://www.researchgate.net/publication>/277620247_Masculine_generics_and_gender-aware_alternatives_in_Spanish
– Is Gender-Biased Language Sexist? A Perceptual Approach
<https://facultystaff.richmond.edu/~dforsyth/pubs/murdockforsyth1985.pdf>
– The Existinction of Masculine Generics:
<https://web.archive.org/web/20180410133710/http://jcc.icc.org.ro/wp-content/uploads/2012/05/JCC_vol2_no1_Brian_Earp_pages_4_19.pdf>
– Is the generic pronoun he still comprehended as excluding women?
<https://www.jstor.org/stable/27784423>
– Using masculine generics: Does generic he increase male bias in the
user's imagery? <https://link.springer.com/article/10.1007/BF00288993>
⁂
Alors on mesure un biais induit par l’utilisation du masculin
générique dans plusieurs langues, et il n’y a pas de raisons de penser
que le français serait bien différent puisque le phénomène existe au
moins en espagnol (ayant un système de genre proche du français) et en
anglais (langue faiblement marquée par le genre).
Du coup des féministes principalement testent, proposent, jouent avec
la langue. La langue est à tou·te·s, la langue n’a jamais été la même
partout, langue parlée, la langue écrite et parlée n’ont jamais été
équivalentes et langue écrite possède depuis toujours ses codes
propres (sigles, émoticônes, émojis, jeux basés sur l’écriture, etc.),
la langue a toujours évolué au bon vouloir des gens qui la parle,
linguistes ou non, malgré l’opposition d’élites (dont l’Académie
Française, bonne représentante d’une exception française galvaudée
qu’il faudrait ranger dans les placards de l’histoire).
Que certaines formes inclusives ne plaisent pas est une chose
(parfaitement attendue par ailleurs), rejeter purement et simplement
les formes inclusives, au vu des études et preuves que la langue
actuelle pose des problèmes d’égalité femme/homme, et d’autant plus en
la qualifiant de stupide et en accusant les féministes de ne pas
connaitre la linguistique, me semble relever d’un mépris des
expérimentations féministes remettant en cause le statu quo, de la
sociolinguistique et de la psycholinguistique.
Et personnellement je me suis sentie pas mal insultée, et j’ai
honnêtement réfléchie à ne pas répondre et juste ne plus interagir sur
cette liste.
Merci de ne pas répondre à ce courriel si vous n’avez pas un minimum
consulté les sources que j’ai mis dans ce message ou essayé de vous
renseigner sérieusement de votre côté, ça m’intéresse pas de répondre
à des inepties répandues sur mon écran de manière condescendantes.
Tout à fait d’accord avce Mélanie,
Piyou qui utilise le point médian régulièrement.
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