Re: Le futur de la langue française [Was: Re: [EGD-discu] point médian vs. point d’hyphénation]

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Bon je préviens direct j’ai pas tout lu (déso d’ailleurs j’essaie de répondre à tout ce que j’ai lu ET synthésiser et c’est pas simple).

Pour répondre à la question initiale: le point médian est à mon avis très bien à sa place. Les lecteurs d’écran sont censés lire les textes et s’adapter à langue, pas dicter ce qui est autorisé: devrait-t-on attendre que les lecteurs d’écran sachent prononcer un mot emprunté à une autre langue, avant de commencer à l’utiliser? Non, évidemment, même s’il faut parfois trouver des compromis (entre autres, trouver de préférences d’autres tournures plutôt que d’utiliser le point médian quand c’est possible).
Sur le côté historique, je tire beaucoup de mes informations du livre «Non, le masculin de l’emporte pas sur le féminin! Petite histoire des résistances de la langue française» d’Éliane Viennot («professeure émérite de littérature de la Renaissance à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, historienne spécialiste des relations de pouvoir entre les sexes»).[1]

Ce livre s’ouvre sur le chapitre «Féminiser la langue? Non, mettre un terme à sa masculinisation». Ce qui ressort de l’histoire de la langue française récente, c’est que la langue a été volontairement tordue pour faire disparaitre ou presque certains mots (doctoresse, autrice, etc.), et pour remplacer la règle d’accord de proximité[2] par la règle du «Lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l'emporte», dans une optique d’effacer le féminin.

En vérité, les Droits de l’Homme (quoique nommés Human Right ou équivalent dans d’autres langues, et qui sont parfois appelés Droits Humains ou Droits de la personne) concernaient uniquement les hommes.

[1]: https://www.editions-ixe.fr/catalogue/non-le-masculin-ne-lemporte-pas-sur-le-feminin/
[2]: https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A8gle_de_proximit%C3%A9
Des linguistes se sont penché·e·s sur le sujet. On parle notamment (je considère que c’est le concept clé) de masculin générique pour désigner l’utilisation du masculin comme universel. Il joue le rôle du neutre sans vraiment l’être.

Une autre bonne source, avec plein d’arguments et une bibliographie bien fournie (en anglais), bien que ça parle principalement de l’anglais et que traite du lien entre sexisme et langue en général, c’est «Feminist Philosophy of Language». <https://plato.stanford.edu/entries/feminism-language/>

Et quelques recherches (je vous invite à utiliser Sci-Hub pour celles que je n’ai trouvé en accès libre):

– Generic Pronouns and Sexist Language: The Oxymoronic Character of Masculine Generics <https://web.stanford.edu/class/linguist156/Gastil_1990.pdf> – Masculine generics and gender-aware alternatives in Spanish <https://www.researchgate.net/publication>/277620247_Masculine_generics_and_gender-aware_alternatives_in_Spanish – Is Gender-Biased Language Sexist? A Perceptual Approach <https://facultystaff.richmond.edu/~dforsyth/pubs/murdockforsyth1985.pdf> – The Existinction of Masculine Generics: <https://web.archive.org/web/20180410133710/http://jcc.icc.org.ro/wp-content/uploads/2012/05/JCC_vol2_no1_Brian_Earp_pages_4_19.pdf> – Is the generic pronoun he still comprehended as excluding women? <https://www.jstor.org/stable/27784423> – Using masculine generics: Does generic he increase male bias in the user's imagery? <https://link.springer.com/article/10.1007/BF00288993>
Alors on mesure un biais induit par l’utilisation du masculin générique dans plusieurs langues, et il n’y a pas de raisons de penser que le français serait bien différent puisque le phénomène existe au moins en espagnol (ayant un système de genre proche du français) et en anglais (langue faiblement marquée par le genre).

Du coup des féministes principalement testent, proposent, jouent avec la langue. La langue est à tou·te·s, la langue n’a jamais été la même partout, langue parlée, la langue écrite et parlée n’ont jamais été équivalentes et langue écrite possède depuis toujours ses codes propres (sigles, émoticônes, émojis, jeux basés sur l’écriture, etc.), la langue a toujours évolué au bon vouloir des gens qui la parle, linguistes ou non, malgré l’opposition d’élites (dont l’Académie Française, bonne représentante d’une exception française galvaudée qu’il faudrait ranger dans les placards de l’histoire).

Que certaines formes inclusives ne plaisent pas est une chose (parfaitement attendue par ailleurs), rejeter purement et simplement les formes inclusives, au vu des études et preuves que la langue actuelle pose des problèmes d’égalité femme/homme, et d’autant plus en la qualifiant de stupide et en accusant les féministes de ne pas connaitre la linguistique, me semble relever d’un mépris des expérimentations féministes remettant en cause le statu quo, de la sociolinguistique et de la psycholinguistique.

Et personnellement je me suis sentie pas mal insultée, et j’ai honnêtement réfléchie à ne pas répondre et juste ne plus interagir sur cette liste.

Merci de ne pas répondre à ce courriel si vous n’avez pas un minimum consulté les sources que j’ai mis dans ce message ou essayé de vous renseigner sérieusement de votre côté, ça m’intéresse pas de répondre à des inepties répandues sur mon écran de manière condescendantes.


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