Re: [EGD-discu] Toutes les études ne se valent pas

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Bonjour,

Le 10/04/2019 à 09:08, Chouhartem a écrit :

Je me permets de répondre à l’accusation de fumisterie fait sur un organisme de recherche publique.


Excuse‐moi, si demain une équipe de recherche publie une étude dont les conclusions sont que le ciel est vert, je les prendrai aussi pour des fumistes, quelle que soit la revue dans laquelle ils ont réussi à se faire publier.
Et quant au fait qu’elle fasse partie d’un organisme public, je regretterai que des chercheurs peu consciencieux décrédibilisent la recherche publique en publiant n’importe quoi. Même si la réduction des moyens alloués à la recherche publique et la pression à la publication peuvent expliquer ce genre de dérives.

Depuis que la méthode de frappe à dix doigts a été développée, elle a gagné tous les concours de vitesse au clavier.
Moi‐même, je tape plus vite à dix doigts que je ne tapais avant. Cependant, je ne tape pas extrêmement vite, il est certainement possible de trouver quelqu’un qui tape plus vite que moi avec une technique à l’arrache (surtout sur Azerty). Mais ça n’implique en rien que la méthode est inefficace.

Quand on publie une étude dont les conclusions contredisent la réalité, le minimum pour être crédible serait d’expliquer celle‐ci. Peut-être y aurait‐il des explications : par exemple que la méthode dactylographique permettrait une rapidité sensiblement meilleure à certains individus, mais pas à la majorité (note : je ne crois pas à cette explication, mais ce serait une explication potentiellement crédible au fait que les résultats de l’étude soient en contradiction avec les résultats des concours de vitesse au clavier).

Au delà des conclusions de l’étude, si on suppose que les données qu’ils ont récoltées l’ont été honnêtement, soit elles étaient simplement insuffisantes pour faire des déductions fiables, soit il serait intéressant de chercher l’explication de leur résultat.
Peut-être que la disposition du clavier finlandais est particulièrement mauvaise pour la frappe à dix doigts du finlandais, peut-être que la Finlande dispense assez largement un enseignement de la méthode dactylographique, mais que, faute de pratique, la plupart de ceux l’ayant appris n’en tirent pas de bénéfices…

Cette dernière explication paraîtrait assez logique : la méthode dactylographique n’est efficace qu’avec de l’entraînement (on le sait déjà).

Peut-être aussi que ceux qui arrivent à taper assez vite sans apprendre la dactylographie ne l’apprennent pas et qu’ainsi les niveaux s’égalisent.

Un premier point qui permet de repérer ce genre de comportement est le fait de publier dans des conférences/journaux de faible influence (parce que c’est plus facile de faire passer un article fumeux dans ce genre d’endroits), mais sur ce point, leur publication est passé à une conférence de première classe d’après le classement CORE (qui a aussi ses faiblesses) : http://portal.core.edu.au/conf-ranks/1053/


Les auteurs de la théorie de la mémoire de l’eau ont réussi à la faire publier dans Nature. Certes avec une mention prévenant que la revue ne cautionnait pas cette théorie, mais pour un truc aussi énorme, il faut déjà saluer la performance.

En attendant, le plus sage est d’attendre la vérification ou la réfutation de ces expériences par les équipes indépendantes (voire de le faire nous-même sur une base bénévole ? Est-ce utopique ?), et de rester sceptique jusque-là¹.


Le principe pour une théorie scientifique, c’est de faire des observations, de se baser dessus pour construire une théorie, puis de valider celle‐ci en la mettant à l’épreuve de la réalité. Quelquefois, ça prend du temps, comme pour la théorie du Big Bang ou certaines implications de la théorie de la relativité d’Einstein. Là, les conclusions de l’étude contredisent la réalité telle qu’on la connaît et ne cherchent pas à expliquer celle‐ci. On a là toute la mesure de leur valeur.

Si on veut des études et si on veut on éviter la charge d’en faire une soi‐même (même si le protocole décrit par Philippe paraît intéressant, d’autant plus qu’il prend en compte une disposition ergonomique et qu’on manque d’études sur cette question particulière), on peut déjà rechercher les études sérieuses existantes, comme celle mentionnée par Marcel (texte intégral sur le site de l’auteur), ou celle‐ci.

Notons que ces études adressent des questions plus pointues que juste « la frappe avec la méthode dactylographique est‐elle plus efficace que la frappe à l’arrache ? ». Il faudrait probablement remonter à des études bien plus anciennes pour en trouver une qui n’adresse cette question que du point de vue général, vu qu’à part en Finlande (et semble‐t‐il maintenant en France aussi), c’est une réalité admise depuis longtemps.
-- 
Laurent
http://beop.free.fr/


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