Re: Le futur de la langue française [Was: Re: [EGD-discu] point médian vs. point d’hyphénation] |
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- To: discussions@xxxxxxxxxxx
- Subject: Re: Le futur de la langue française [Was: Re: [EGD-discu] point médian vs. point d’hyphénation]
- From: A2 <a2line@xxxxxxxxx>
- Date: Fri, 16 Jul 2021 19:23:39 +0200
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Sauf que tout est en anglais… Pour alimenter le moulin, voilà un très
beau texte du philosophe français Jean-François Revel qui fait très
bien la part des choses, et écrit bien avant les vaines agitations
actuelles :
« *Le sexe des mots*
Jean-François Revel commente la féminisation des mots :
Byzance tomba aux mains des Turcs tout en discutant du sexe des anges.
Le français achèvera de se décomposer dans l’illettrisme pendant que
nous discuterons du sexe des mots.
La querelle actuelle découle de ce fait très simple qu’il n’existe pas
en français de genre neutre comme en possèdent le grec, le latin et
l’allemand. D’où ce résultat que, chez nous, quantité de noms, de
fonctions, métiers et titres, sémantiquement neutres, sont
grammaticalement féminins ou masculins. Leur genre n’a rien à voir
avec le sexe de la personne qu’ils concernent, laquelle peut être un
homme.
Homme, d’ailleurs, s’emploie tantôt en valeur neutre, quand il
signifie l’espèce humaine, tantôt en valeur masculine quand il désigne
le mâle. Confondre les deux relève d’une incompétence qui condamne à
l’embrouillamini sur la féminisation du vocabulaire. Un humain de sexe
masculin peut fort bien être une recrue, une vedette, une canaille,
une fripouille ou une andouille.
De sexe féminin, il lui arrive d’être un mannequin, un tyran ou un
génie. Le respect de la personne humaine est-il réservé aux femmes, et
celui des droits de l’homme aux hommes ?
Absurde!
Ces féminins et masculins sont purement grammaticaux, nullement sexuels.
Certains mots sont précédés d’articles féminins ou masculins sans que
ces genres impliquent que les qualités, charges ou talents
correspondants appartiennent à un sexe plutôt qu’à l’autre. On dit : «
Madame de Sévigné est un grand écrivain » et « Rémy de Goumont est une
plume brillante ». On dit le garde des Sceaux, même quand c’est une
femme, et la sentinelle, qui est presque toujours un homme.
Tous ces termes sont, je le répète, sémantiquement neutres. Accoler à
un substantif un article d’un genre opposé au sien ne le fait pas
changer de sexe. Ce n’est qu’une banale faute d’accord.
Certains substantifs se féminisent tout naturellement: une pianiste,
avocate, chanteuse, directrice, actrice, papesse, doctoresse. Mais une
dame ministresse, proviseuse, médecine, gardienne des Sceaux,
officière ou commandeuse de la Légion d’Honneur contrevient soit à la
clarté, soit à l’esthétique, sans que remarquer cet inconvénient
puisse être imputé à l’antiféminisme. Un ambassadeur est un
ambassadeur, même quand c’est une femme. Il est aussi une excellence,
même quand c’est un homme. L’usage est le maître suprême.
Une langue bouge de par le mariage de la logique et du tâtonnement,
qu’accompagne en sourdine une mélodie originale. Le tout est fruit de
la lenteur des siècles, non de l’opportunisme des politiques. L’État
n’a aucune légitimité pour décider du vocabulaire et de la grammaire.
Il tombe en outre dans l’abus de pouvoir quand il utilise l’école
publique pour imposer ses oukases langagiers à toute une jeunesse.
J’ai entendu objecter : « Vaugelas, au XVIIe siècle, n’a-t-il pas
édicté des normes dans ses remarques sur la langue française ? ».
Certes. Mais Vaugelas n’était pas ministre. Ce n’était qu’un auteur,
dont chacun était libre de suivre ou non les avis. Il n’avait pas les
moyens d’imposer ses lubies aux enfants. Il n’était pas Richelieu,
lequel n’a jamais tranché personnellement de questions de langues.
Si notre gouvernement veut servir le français, il ferait mieux de
veiller d’abord à ce qu’on l’enseigne en classe, ensuite à ce que
l’audiovisuel public, placé sous sa coupe, n’accumule pas à longueur
de soirées les faux sens, solécismes, impropriétés, barbarismes et
cuirs qui, pénétrant dans le crâne des gosses, achèvent de rendre
impossible la tâche des enseignants. La société française a progressé
vers l’égalité des sexes dans tous les métiers, sauf le métier
politique. Les coupables de cette honte croient s’amnistier (ils en
ont l’habitude) en torturant la grammaire.
Ils ont trouvé le sésame démagogique de cette opération magique :
faire avancer le féminin faute d’avoir fait avancer les femmes.. »
https://chezrevel.net/le-sexe-des-mots/
– A2
Le mar. 13 juil. 2021 à 19:37, Alexandre Garreau
<galex-713@xxxxxxxxxxxx> a écrit :
>
> Wha, de la vraie science, miam, à manger du concret, finalement :))
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