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Bonjour,
Le 2016-03-19 22:04, Valentin Melot a écrit :
À mon humble avis, ce caractère a des chances d’être assez utilisé,
étant donnée l’expension du Bitcoin.
À mon sens, le problème des monnaies est que leur utilité est de
faciliter les échanges donc l’activité et d’améliorer ainsi le
niveau de vie, mais qu’elles donnent lieu à un phénomène
d’accumulation où en haut de la pyramide sociale, une petite
minorité accumule des sommes colossales qu’elle ne pourra jamais
utiliser, et en bas, les pauvres finissent pas se retrouver à sec et
par arrêter des activités leur rendant mutuellement service, faute
de liquidités (et pas que dans des pays du tiers monde ; en France
aussi, on ferme des services hospitaliers, des collèges… alors qu’on
a cinq millions de chômeurs). À ce stade, les monnaies non seulement
assoient les inégalités, mais perdent leur utilité première.
Les deux seuls moyens de lutte contre le captage de toute la
richesse par une minorité dans une économie capitaliste (qui
fonctionne à peu près comme le Monopoly : plus on est riche, plus en
s’enrichit) sont l’impôt progressif et l’inflation, les deux
permettant de remettre ou de mettre de la monnaie en circulation
tout en diminuant les sommes accumulées ou leur valeur (au passage,
notez comme l’augmentation actuelle des inégalités suit la baisse
des impôts pour les grosses sociétés et les plus riches, et la lutte
contre l’inflation).
Or le Bitcoin a pour but d’échapper à l’impôt et est déflationniste
par construction (le nombre total de bitcoins est limité à 21
millions ; si l’on considère une utilisation de plus en plus large,
ça veut dire de moins en moins de bitcoins en moyenne par personne
utilisant cette monnaie), favorisant ceux qui ont eu des bitcoins
tôt par rapport aux autres. C’est au mieux une occasion de
s’enrichir pour quelques autres personnes que celles qui étaient
déjà riches dans le système économique traditionnel, mais cette
monnaie est encore plus inégale socialement que les monnaies
traditionnelles (même l’euro ; évidemment la bien plus large
diffusion de l’euro lui donne plus d’impact dans l’absolu).
L’autre aspect du Bitcoin est de causer pour son extraction une dépense
d’énergie équivalente à celle d’un pays « développé ». Cette
monnaie purement virtuelle cause un gaspillage massif de ressources
réelles, en majeure partie non renouvelables (même l’uranium ne se
renouvelle pas), qui nous ferons gravement défaut dans quelques
décennies.
Face à ce bilan que j’estime très négatif, permettez-moi de ne pas
me réjouir de la réussite du Bitcoin et de ne pas sauter de joie
pour son entrée dans Unicode et sur le Bépo.
--
Laurent
http://beop.free.fr/