| Cela s'appelle la dictature des agissants. 
 --
 Laurent
 --
Pour ne plus recevoir les messages de cette liste de discussion, envoyez un courriel avec pour destinataire discussions-REQUEST@xxxxxxxxxxx et pour sujet "unsubscribe".Le 01/07/2021, 04:52 Arathor <arathor@xxxxxxxx> a écrit: 
  Le Wed, 30 Jun 2021 23:16:26 +0200, Alexandre Garreau
  <galex-713@xxxxxxxxxxxx> a écrit :
 
 > Vous en dites quoi ?
 
 J’en dis que dans les faits, l’écriture inclusive, ça revient à
 créer un genre neutre :
 
 masculin : ami
 féminin : amie
 neutre : ami.e
 
 Sauf que le point, c’est un signe de ponctuation interprété par le
 cerveau (par le mien, en tout cas) comme la fin d’une phrase,
 donc /a fortiori/ la fin d’un mot. Et ça, c’est valable que le
 point soit placé en bas (ami.e) par rapport à la ligne, vers le
 milieu (ami·e ami•e) ou bien plus vers le haut (ami‧e).
 
 Utiliser un signe de ponctuation, c’est une manière complètement
 stupide de créer un genre neutre. Que ça soit le point, le tiret,
 le slash, et j’ai même vu l’apostrophe parfois… au secours. Et
 c’est pas la peine d’ergoter comme le gars dans le lien que tu
 donnes : un point reste un point… peu importe le caractère
 typographique utilisé.
 
 Le truc sensé qu’il faudrait faire, c’est repasser le masculin
 comme genre neutre (ce qu’il était avant la création du genre
 féminin, cf. une vidéo de Linguisticae sur le sujet), et créer un
 nouveau genre masculin. Ça assurerait la compatibilité
 ascendante avec les vieux textes, puisque leur utilisation du
 masculin par défaut correspondrait au nouveau genre neutre, et ça
 éviterait d’allemagniser/scandinaver (des mots à rallonge, quoi)
 le français avec des mots comme instituteurice. Surtout que c’est
 de toutes façons généralisable avec tous les suffixes (genre -if
 -ive ça donne quoi, objectifive ? euh franchement, beurk)
 
 Sauf que pour ça, il aurait fallu que les militants qui ont pondu
 cette idée se soit penchés sur la science (la linguistique) qui
 étudie le domaine qu’ils veulent modifier (la langue). Mais ils
 ont estimé que c’était pas nécessaire, voir pire ça leur a même
 pas traversé l’esprit, parce qu’à leurs yeux la légitimité pour
 proposer quelque chose, ça découle pas de compétences techniques,
 ça découle du fait « d’être concerné par le sujet ». Et quand les
 militants concernés par le sujet sont incompétents, ils proposent
 n’importe quoi. Ensuite, tous les autres militants suivent, parce
 que l’affichage politique compte plus à leurs yeux que proposer
 quelque chose qui a du sens techniquement.
 
 Et voilà comment ils se mettent à promouvoir de la merde.
 
 Donc inévitablement, les mesures qu’ils proposent se retrouvent
 confrontées à une levée de bouclier. Et là, ils te sortent la
 carte magique pour parer toute critique et couper court au
 débat : « si t’es pas d’accord avec mon truc, c’est parce t’es
 réactionnaire, consciemment ou non ». Ce qui, en fait, résume
 l’histoire de la gauche depuis deux siècles… mais je m’égare.
 
 Même le militant de ton lien admet que ça marche pas :
 
 « C’est que pour votre appareil, la puce (•) est un marqueur de
 séparation de mot. Cela signifie que pour la majorité des
 logiciels, “tou•te•s” n’est pas un mot mais trois. Et
 franchement, avec un marqueur aussi présent graphiquement, pour
 mon cerveau aussi ça demande un petit effort d’en voir un seul.
 S’il y a trois mots et non un seul, cela implique que je ne
 pourrai jamais faire apprendre “tou•te•s” à mon dictionnaire, et
 que mon appareil me l’indiquera donc toujours comme une erreur.
 Et qu’une personne ayant une déficience visuelle (ou qui utilise
 la synthèse vocale pour lire ses articles en conduisant son vélo)
 aura une vocalisation du type “tou teuh èsse”, ce qui va rendre
 mon texte particulièrement complexe à déchiffrer. »
 
 « Pour rappel, ce petit pas d’incarnation de l’égalité de genre
 dans la langue écrite n’a pas vocation à être utilisé
 systématiquement : n’oubliez pas que les formulations épicènes
 telles que “personnes” ou “élèves”, ou encore l’infinitif,
 seront toujours plus lisibles et simples que “participant‧e‧s”. »
 
 Ben oui, gros malin, c’est moins lisible parce que mettre de la
 ponctuation au milieu des mots, ça fait bugger le cerveau.
 
 La première fois que j’ai entendu parler de l’écriture inclusive,
 ça devait être vers 2003 ou 2004, et ça s’appelait l’écriture
 féminisée. Donc c’est vraiment formidable, il leur faut environ
 20 ans pour passer de « tiens on va proposer de modifier la
 langue sans prendre la peine d’étudier ce que la linguistique
 nous indiquerait de faire » (càd créer correctement un genre
 neutre, pas coller de la ponctuation au milieu des mots comme des
 gros ignorants) à la réalisation qu’en fait, leur truc marche pas.
 
 A.
 
 --
 Where is Jessica Hyde?
 
 --
 Pour ne plus recevoir les messages de cette liste de discussion, envoyez un courriel avec pour destinataire discussions-REQUEST@xxxxxxxxxxx et pour sujet "unsubscribe".
 
 
 |